Les oiseaux de passage
(Paroles : Jean Richepin / Musique : Georges Brassens)
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Arrangement, clavier : Francis Demange
Arrangement, voix, chimes, mixage : JCM
(Voix et clavier enregistrés en direct)

Version de l'album 



Oh, vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne.
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir, il faut voir
cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née.
Je meurs près de ma mère et je fais mon devoir. "

Elle a fait son devoir, c'est à dire que oncques,
elle n'eut de souhaits impossibles, elle n'eut
aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
l'emportant sans rameur sur un fleuve inconnu.

Et tous sont ainsi faits. Vivre la même vie,
toujours, pour ces gens-là cela n'est point hideux.
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie,
ou de n'en plus avoir, ou bien d'en avoir deux.

N'avoir aucun besoin de baisers sur les lèvres,
et loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
posséder pour tout coeur, un viscère sans fièvre,
un coucou régulier et garanti dix ans.

Oh les gens bienheureux ! Tout à coup, dans l'espace,
si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol,
en forme de triangle, arrive, plane et passe.
Où vont-ils, qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Regardez-les passer, eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts
et bois et mers et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les. Avant d'atteindre sa chimère,
plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
ils pouvaient devenir volailles comme vous,
mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante.
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra, d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante.
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra, d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
 
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