Istanblues
(Musique : Jean-Claude Mazaire)
  Accueil général  
 

Violon : Cyril QUEMERAS
Batterie : Pierre CHAPON
Arrangement, programmations, basse et guitare électriques, claviers, piano, mixage : JCM

Version de l'album 



Cet instrumental, au thème oriental, a été composé juste après un séjour de 2 ans en Turquie.
L'origine du titre se trouve dans une sorte de nouvelle que j'avais écrite là-bas : c'est le texte qui suit.

Mavi Tren (1),
dimanche 18 décembre, 22h27

13h25, samedi 17, deux portes en verre gardées par des roquets en habit vert me séparent de toi. Je traîne mes bottines quelques instants sur le bitume de l'entrée, mais tu disparais très vite.
Je pars.
Les deux navettes de service sont là, en attente, vides.
Quand partiront-elles ?
Personne ne sait.

Taxi !
Vous êtes français ! Cok güzel ! (2) Cigarette ?
Le chauffeur voit que l'envie de parler n'est pas ma préoccupation majeure.
Silence.
Il m'offre une deuxième cigarette.

Je remonte l'escalier qui mène à l'Atespare Sokak (3).

Istanblues.

Je sais maintenant pourquoi je n'aime pas, plus, cette ville. C'est que, si elle signifie arrivée, elle veut dire surtout départ, aéroport, baisers, je t'aime, quand reviendras-tu ? quand reviendras-tu ? quand reviendras-tu ?

Pascale est seule à l'appart. Repas tête à tête dans un restau de l'Istiklâl (4). Sis kebap et moules farcies. On fait de la " boulimie affective ", comme elle dit ! Quelques desserts plus tard, je m'en retourne à Cihangir (5), Pascale va voir les Derviches tourner. Moi, c'est plutôt la tête qui me tourne, des pensées de toi qui s'entremêlent et une absence au niveau de ma main, qui trouve refuge dans une poche.

Istanblues.

Je me paume sur le chemin du retour, et erre dans les rues sales.

Istanboue.

Je réveille Gilles qui somnolait. Il a eu des places pour la pantomime anglaise. Je m'endors sur un des matelas.
18h20. Mon réveil interne me signale qu'il serait temps de me mettre sur position action si je veux être à l'heure. Je m'exécute. Gilles n'a pas envie d'y aller, moi non plus. Nous partons donc. La reprise en main commence, doit commencer dès maintenant.
Il fait sombre, gris, pluvieux. Le taxi conduit comme un taxi turc, les roues éclaboussent les trottoirs, les passants sont masculins, mal rasés, mal habillés.

Istanboules.

Consulat britannique ! Vieux marbre et magnificence. My Dear, how pretty are you tonight ! La pièce démarre dans une ambiance qui n'a rien de flegmatique. " Cendrillon " revue et corrigée. Le prince charmant est une femme, les deux sœurs des hommes. Humour tarte à la crème anglaise. Le public participe à fond, les cravates n'empêchant pas leurs propriétaires de faire valoir leurs cordes vocales. On rit, je ris, bien que je ne comprenne pas le quart de ce qui se dit sur scène. My tailor is not rich, nor my English !

Entracte, retour à la réalité. Tes visages dans ma tête. J'essaie de faire diversion en détaillant ceux qui m'entourent. Nous leur taillons rapidos un petit costard de soirée.
Retour à Cinderella. Le public est déchaîné. Ces Anglais sont vraiment fous !

23h00. Je m'endors dans le sac de couchage. Personne ne tirera les couvertures à soi ce soir…

Dimanche 18, 10h30.
Réveil ensommeillé. Petit déjeuner. Il y a de l'eau, aussi en profité-je pour procéder à quelques ablutions. Lavage des pieds à la tête avec une bouilloire d'eau chaude, c'est à inscrire dans le livre des records ! Je prépare ma semaine de cours, puis m'éclipse.

Soleil et température clémente. Le Bosphore resplendit.

Istanbleu.

Visite d'Ibrahim Pasa (6). Costumes et tentes Yörük. Corans et vieux coffres de mariées. C'est beau. C'est très beau. Que m'importe ?

Mosquée de Soliman. Les rues derrière le bazar égyptien sont désertes. Rideaux de fer baissés et passants solitaires. Sordide et inquiétant. Je redescends à pied jusqu'au pont de Galata. La Corne d'Or étire ses pestilences le long des embarcadères. Je presse le pas. Le bus qui me ramène à Beyoglu est étrangement vide, c'est à dire qu'il est à moitié plein. Je descends là où il faut. J'hésite un instant. Mais non, il n'y a personne à qui tendre la main avant d'affronter le carrefour.

22h50. Le Mavi Tren, qui est rouge ce soir (?!) commence à s'ébranler. Plein à craquer. Les trépidations m'empêchent d'écrire droit. Phil Collins hurle dans les écouteurs. J'aime bien ce disque. Sa violence surtout me fait du bien. C'est dommage que je ne puisse pas chanter avec… De là à ce que ça plaise à mes voisins… !

23h51. Je vais arrêter là pour ce soir. Le train va de plus en plus vite, et j'ai de plus en plus de mal à écrire correctement. Je te retrouverai demain soir dans le laboratoire de l'Ali Dede (7). Je vais recommencer à compter les semaines.
Viens.
Vite.

(1) Mavi Tren : le train bleu, qui reliait Ankara à Istanbul
(2) Très bien, super
(3) Une rue d'Istanbul
(4) Une avenue animée
(5) Une place
(6) Palais au bord du Bosphore
(7) Rue du grand-père Ali, à Ankara.

 
Titre précédent
Titre suivant
Liste des titres
Afficher la partition
Qui joue quoi ?
Sur le site et / ou l'album
Acheter le morceau
Ce qu'ils en disent...